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[Fiction] Où en sommes-nous en Janvier 2021 ? Votre compte bancaire aura-t-il été ponctionné ?

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15 Juillet 2020

Les marchés sont presque euphoriques, portés par les liquidités des banques centrales. Les niveaux de valorisation sont à des niveaux historiquement très élevés.

Par exemple, pour apprécier le niveau de valorisation d'une action, on peut regarder le PE qui compare le cours aux bénéfices anticipés - actuellement, on achète une action pour un prix représentant beaucoup, beaucoup trop d'années de bénéfices comparé à ce que l'on a pu connaître dans l'histoire financière. Or, comme dans tous les domaines de l'investissement, les bonnes affaires se font généralement à l'achat. En ce moment, on achète cher :

Que ce soit sur les actions...

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... Mais aussi sur les obligations (pour rappel, plus le taux baisse, plus la valeur d'une obligation augmente) :

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Même si la FED a tout récemment ralenti son rythme de rachats d'actifs, les quantités d'argent déversées par les banques centrales depuis le début de la crise pour faire effet morphine sur l'économie et le monde de la finance sont massives.

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Les craintes d'une perte de contrôle de l'épidémie de Covid-19 aux Etats-Unis, et les signes de reprise de l'épidémie ailleurs dans le monde refroidissent néanmoins les investisseurs. Et comme évoqué juste avant, les niveaux de valorisation des actifs sont déjà à des niveaux extrêmes.

Le CAC oscille entre 4800 et 5200 points. L'or a considérablement monté, profitant aux minières aurifères.

Août 2020

L'épidémie semble hors de contrôle aux USA, avec plus de 100 000 nouveaux cas tous les jours.

En France, le rythme d'hospitalisations a considérablement augmenté. En pleine période estivale, les inquiétudes reprennent, les citoyens sont invités à écourter leurs vacances pour limiter les contacts avec autrui, et même à se "reconfiner localement".

 

Il faut dire que les règles de prudence avaient été assez rapidement délaissées ces dernières semaines : il n'était pas rare de voir des regroupements de personnes ne respectant pas les gestes barrières élémentaires.

Le mois d'août est caractérisé par une absence de liquidité sur les marchés financiers. Les inquiétudes prennent le dessus, la liquidité disparaît subitement en dépit des grandes manœuvres des banques centrales les semaines précédentes.

Les marchés actions baissent de manière marquée. Mais le plus préoccupant se déroule sur le marché du crédit, qui se disloque complètement. Les obligations convenablement notées (investment grade) sont suspectes de dégradation par les agences de notation, et baissent autant, voire plus, que leurs homologues junk / high yield.

Même l'or et les mines d'or baissent très fort. En effet, aucun rôle de valeur refuge ne réussit à se mettre en avant dans cette liquidation globale : c'est la course au cash. Les opérateurs veulent retrouver de la liquidité.

Les minières aurifères sont massivement vendues sans distinction, notamment par la force des algorithmes de trading ayant vocation à vendre automatiquement ce qui est le plus volatil sur les marchés actions, dont les mines d'or font partie.

En quête de liquidité pour faire face aux demandes de retraits des investisseurs, les gérants de fonds d"investissement liquident également leurs investissements en mines d'or qui avaient alors excellemment performé jusqu'ici.

Tout baisse, sauf les obligations américaines et allemandes dont les taux à 10 ans enfoncent des planchers jamais vus (on passe en négatif sur le 10 ans US et on explose les -1 % sur le 10 ans allemand).

Septembre 2020

La rentrée s'est faite dans un climat de défiance internationale. L'épidemie de Covid-19 bat son plein, mais le choix a été fait de ne reconfiner que localement, et très partiellement. Les populations les plus vulnérables sont invitées à rester chez elles, les jeunes sont encouragés à continuer à travailler et à vivre "normalement", mais avec des gestes barrières très forts.

De nouveaux dispositifs de chômage partiel sont mis en place. Les banques sont invitées à proroger le décalage des mensualités pour l'ensemble des crédits aux entreprises qui en font la demande. Pour les entreprises locataires de leurs locaux, c'est plus compliqué : elles étaient censées payer en fin d'année les loyers de mars, avril et mai qui avaient été décalés. De la négociation au cas par cas avec les bailleurs... Le climat s'annonce très tendu. Les PGE, qui ont considérablement endetté les bilans, ne sont pas prêts d'être remboursés.

Entretemps, les banques centrales ont multiplié leurs déclarations rassurantes : "whatever it takes", "quoi qu'il en coûte"... La FED annonce ouvertement qu'elle se tient prête à acheter des ETF actions. La BCE évoque également cette idée. Les rythmes de rachats d'actifs sont largement augmentés.

Les marchés financiers se reprennent fortement, et salivent de ce déluge de liquidités. Les actions et les actifs risqués se reprennent de manière violente. Il faut dire que les investisseurs, bien que paralysés par cette nouvelle étape de la crise, cherchent à acheter les creux, d'autant qu'ils n'ont jamais eu autant de liquidités à disposition. L'effet d'expérience à la suite du mois de mars joue également : les investisseurs ont intégré qu'après une grosse panique, les banques centrales sont présentes et prêtes à engager leurs bilans à des niveaux extrêmes. C'est précisément cet effet d'expérience qui empêchait la correction et permettait l'euphorie à la hausse au cours des dernières semaines : jusqu'à ce que les craintes de dislocation ne rendent la situation et les niveaux de valorisation intenables.

Après la forte correction, l'or monte à des niveaux jamais atteints auparavant. En effet, le déluge de liquidités profite en premier à cette classe d'actifs.

Les mines d'or, après avoir été vendues sans distinction avec l'ensemble des autres actifs risqués, connaissent une hausse fulgurante. Il faut dire que leurs niveaux de valorisation étaient déjà bas. Mais avec la nouvelle envolée des cours de l'or, les compagnies minières vont connaître de très belles perspectives de profit, ce qui attire bon nombre d'investisseurs. Il faut dire qu'avec les politiques monétaires extrêmes pratiquées par les banques centrales, l'or redevient la protection contre les taux réels négatifs et contre la déflation. Demain, l'or jouera également un rôle de protection contre un retour de l'inflation, voire de l'hyperinflation. Les monnaies ont subi une manipulation de trop. Une forme de perte de confiance du public combinée à une hausse très brutale du prix des actifs réels et financiers a pour effet de "diluer" irrémédiablement le pouvoir d'achat de la monnaie. Dans ce contexte, l'or et l'ensemble des thématiques connexes (dont les mines d'or) deviennent très prisés des investisseurs. On assiste à la formation d'une nouvelle bulle spéculative. Tout le monde en veut.

L'économie réelle, ne va pas très bien. Les faillites d'entreprise en France n'avaient jamais été aussi basses qu'au moment de la sortie de la période de confinement en mai 2020. Mais c'était artificiel : activité réduite des tribunaux de commerce pendant le confinement et report (en vertu des ordonnances de mars) du constat de cessation de paiement au 23 août. Alors que les entreprises françaises disposent habituellement de 4 à 5 mois de liquidités, près de 100 000 sociétés disposent de moins de 30 jours de trésorerie (source : Les Echos). Les faillites se multiplient, en France mais également dans le monde entier.

Octobre 2020

Alors que le mois de septembre a permis aux marchés de reprendre quelques couleurs, les craquements apparaissent à plusieurs endroits, de manière simultanée :

  • Chez les pays émergents, plusieurs gouvernements et entreprises "loupent" des échéances sur leurs engagements de dettes libellées en dollars américains. Ils sont en situation de défaut.
  • En Europe, les tensions grandissantes sur le "dollar funding" contribuent à mettre en difficulté les banques. Notamment la Deutsche Bank, qui est contrainte de geler plusieurs fonds d'investissement. Les problèmes du système bancaire reviennent de loin : courbe des taux inversée, besoins importants de refinancement en dollars pour les opérations de carry trade, crainte d'augmentation exponentielle des créances douteuses dans un environnement déflationniste...
La panne de liquidités en dollars américains semble incompréhensible. Comment, avec de tels déluges de liquidités en USD orchestrés par la politique agressive de la FED, des acteurs dans les émergents et en Europe ont-ils pu se trouver en panne de liquidité en dollars ?
Novembre 2020
Les banques centrales rachètent tout ce dont vous souhaitez vous débarrasser. Les marchés financiers sont de fait nationalisés. Cela tombe bien : la vague de défauts est si importante, que plus personne ne veut détenir d'obligations d'entreprises. Les banques rachètent les titres de créances aux investisseurs, mais les sociétés font défaut sur leur dette, peu importe qui en détient la créance. Les CLO explosent complètement, leur valeur est réduite à néant, entraînant de graves problèmes de liquidité dans le système financier : les opérateurs souhaitant s'en débarrasser n'en obtiennent pas un prix leur permettant de couvrir leurs appels de marge. C'est l'effet boule de neige, les liquidations d'actifs entraînent d'autres liquidations d'actifs.
Pour visionner la vidéo en expliquant le fonctionnement des CLO et les risques induits, cliquez-ici

Le secteur bancaire européen est en grande difficulté. Les souvenirs chypriotes de 2013 reviennent à l'esprit : à l'époque, l'Eurogroupe avait gelé et mis à contribution les dépôts supérieurs à 100 000 € chez Laïki Bank et Bank of Cyprus. Les créanciers juniors, les actionnaires, mais également les créanciers seniors et les gros déposants avaient donc été "mis à contribution" (on leur a fait les poches en un week-end, en un coup). Une sorte de laboratoire de gestion de crise en Europe ? Cela avait plutôt bien fonctionné à l'époque.

En Juillet 2020, L'OFCE estimait que les ménages ont accumulé 75 milliards d'euros d'épargne depuis le début de la crise (confinement, report des projets, baisse de la consommation...).

Que pourrait-il bien se passer... ?

Janvier 2021

A lire en ayant à l'esprit que les flux ne sont pas les seuls à compter. Les stocks comptent également.

Quand certains évoquent une reprise soi-disant en "V", ils parlent de flux, et oublient complètement qu'il y a des stocks, c'est à dire le poids des passifs accumulés.

Possibilité n°1

Le covid n'a effectivement pas été maîtrisé, et le scénario décrit jusqu'ici peut être un scénario plausible.

Un bilan humain catastrophique.

Encore plus de liquidités déversées, d'aides, de passifs accumulés, de poids de l'état dans l'économie.

L'investissement privé découragé.

Le chômage à des niveaux très élevés.

Les tensions sociales à leur comble.

Et si enfin, on profitait d'être au fond de la piscine pour apurer les passifs accumulés depuis maintenant 50 ans (depuis globalement l'abandon de l'étalon-or...) ?

Personne n'en aurait le courage... Il faudra que les défauts et/ou l'inflation s'en occupent. C'est ce qui arrivera tôt ou tard. Au delà d'un certain stade, le réel rattrape forcément le virtuel.

Possibilité n°2

Finalement, il ne servait à rien d'être si pessimiste. Rien de ce qui est décrit ci-dessus ne s'est réalisé. L'épidémie de Covid a été relativement maîtrisée, nous avons appris à vivre avec. Les politiques publiques / monétaires gèrent habilement la sortie de crise en assouplissant au maximum les échéances. La liquidité est assurée.

Les bilans ont certes été considérablement alourdis.

Mais tout n'est pas si mal.

Cette crise aura permis d'aller plus loin en matière d'innovation monétaire et de contrôle des capitaux. Des étapes auront été franchies dans la suppression du cash et dans l'instauration de taux négatifs. Nous pourrons nous endetter encore plus. Chouette ! Et puis, le réel rattrapera forcément à un moment donné le virtuel. Mais plus tard ! On repart pour un tour.

Andy BUSSAGLIA est conseiller en gestion de patrimoine depuis plus de 10 ans.

Il est associé-gérant du cabinet Family Patrimoine à Meylan, près de Grenoble.

Lien vers son parcours

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